« Démo-linquance » : les Grèves sont-elles démocratiques et républicaines ?

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 (Ce document avait été publié par la "Tribune de Genève" du mercredi 22 janvier 1997 (p.34), mais avec quelques coupures. Je l'ai remanié lors de la grève de novembre 1997 et il a reparu dans la "Tribune de Genève" du week-end 8-9 novembre 1997 (p.32), de nouveau avec plusieurs coupures. Lors de la grève des enseignants en 2003, j’ai repris l’ensemble de cette réflexion sous le titre « Violences de rue : démocratie directe ou délinquance ? » et la Tribune de Genève a publié cette troisième intervention dans son édition du jeudi 19 juin 2003.)

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Etats d'urgence

(texte de 4000 signes vainement envoyé à la Tribune de Genève le 27 octobre 2007 pour publication comme lettre de lecteur :)

 

Hier vendredi 26 octobre 2007, la télévision française montrait le Président Sarkozy en visite personnelle parmi des syndicalistes de banlieue. L’un d’eux, un jeune homme qui le dominait d’une tête, l’apostrophait en ces termes : « Vous savez, quand on a essayé de nous imposer quelque chose qui ne nous plaisait pas, on a toujours fait plier le gouvernement dans la rue ! » Ce à quoi le Président a justement rétorqué qu’ «en démocratie, ce n’était pas à la rue de faire la loi » !

 

Dans l’émission « Super-Nanny » (M6), on voit de même des enfants de quatre ans faire plier leurs parents en trépignant et en hurlant jusqu’à ce qu’ils cèdent. Fort heureusement, le général de Gaulle, qui connaissait bien ses compatriotes, avait inséré dans la constitution française les articles 16 (état d’urgence) et 36 (état de siège) permettant au Président de passer outre aux injonctions de la rue si jamais celle-ci mettait le pays en danger. C’est ainsi que, lors des effroyables émeutes de novembre 2005 dans la banlieue parisienne il y a deux ans, un état d’urgence provisoire avait été décrété afin de calmer la situation.

 

Dans les circonstances actuelles de grèves paralysantes, je crois que le Président n’hésitera pas à recourir à ces institutions (résumées par le Sénat français dans son document de législation comparée LC156 de janvier 2006, établi à la suite des émeutes de novembre 2005). Des moyens de transport tels que locomotives, trains, camions, avions, etc., appartiennent essentiellement à la nation. Réquisitionnés d'office par les grévistes comme outils d’étouffement du pays, ces véhicules lourds peuvent à mon sens être assimilés à des armes, justifiant ainsi l’état de siège prévu « en cas de péril imminent résultant d’une guerre étrangère ou d’une insurrection armée » et attribuant aux autorités militaires des pouvoirs de police exceptionnels.

 

En Espagne, si «l’état d’exception » est décrété, « le droit de grève peut être suspendu, à condition que l’autorisation donnée par le Congrès des députés inclue explicitement cette possibilité ». De même, «tous les types de transport et leur chargement peuvent être contrôlés ». Au Portugal, l’état d’urgence peut être déclaré en cas de « calamité publique », le cas échéant avec l’appui des forces armées. En Angleterre, la loi de 2004 sur l’état de crise permet également de «protéger ou rétablir les moyens de transport, les systèmes de communication, les services sanitaires, les activités financières, ainsi que le fonctionnement du Parlement et des services publics » mais «elles ne peuvent pas faire obstacle au droit de grève ». Et en Suisse, comment une telle situation serait-elle gérée par le gouvernement?

 

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