L'Irak n'est qu'une diversion pour cacher une invasion américaine beaucoup plus grave: celle des droits démocratiques européens!
Auteur : Etié
lundi
10 mars 2003
PENDANT
QUE TOUS LES YEUX SONT BRAQUES SUR L'IRAK ET LES ETATS-UNIS,
l'OMC ETEND
SON EMPRISE SUR LE COMMERCE MONDIAL. LE TEMPS PRESSE...
Le 31
mars 2002,
les 140 Etats
membres (soit presque tous les pays du
monde) ont
communiqué à l'OMC la liste des services qu'ils
sont prêts
à offrir à la concurrence internationale dans le cadre
de l'AGCS
(Accord Général sur le Commerce des Services).
Les services
visés par l'AGCS ne représentent pas seulement des
transactions commerciales portant sur une valeur de quelque 1
300 milliards
de dollars chaque année, soit environ 22 % de tout le commerce
mondial, mais ils s'étendent à presque toutes les
activités humaines. Le texte mentionne pas moins de 160
secteurs économiques différents.
Citant l'article 1
al. 3-b de l'AGCS, les dirigeants de l'OMC nous font croire que les
services publics ne sont pas concernés, puisque l'accord
englobe tous les services dans tous les secteurs, à
l'exception des services fournis dans l'exercice du pouvoir
gouvernemental. Mais ils omettent volontairement de citer le
paragraphe suivant, stipulant que seuls
les services gouvernementaux fournis ni sur une base commerciale, ni
en concurrence avec un ou plusieurs fournisseurs de services
seront épargnés par
l'AGCS.
Par conséquent, les seuls domaines à
échapper à la privatisation sont la justice, la police,
la gendarmerie et l'armée. En clair, cela signifie que des
domaines aussi cruciaux que la distribution d'eau, les chemins de
fer, la santé, les services sociaux, l'éducation, la
culture, les sports, les loisirs, les services financiers, la poste,
l'énergie, l'environnement, les télécommunications
ou le ramassage des ordures tombent sous le coup de l'AGCS. On
comprend les convoitises qui se manifestent quand on sait que le
marché mondial de l'éducation est évalué
à quelques 2'000 milliards de dollars et celui de la santé
à 3 500
milliards de dollars. Vos
enfants à l'école Nestlé ou Vivendi
? C'est pour demain, puisque l'accord entrera en vigueur à la
fin de l'année 2005.
Et l'enseignement public?
Conformément à la clause du traitement national, les
pays membres devront accorder les mêmes conditions et
subventions aux puissantes multinationales étrangères
qu'aux entreprises nationales, publiques
ou privées. Autant dire que ces dernières ne
résisteront pas aux dures lois de la concurrence. Les normes
légales (droit du travail, protection de l'environnement,
santé publique, etc...) n'y résisteront pas non plus.
Pour exemple, l'un des modes de fournitures des services
prévus
par l'AGCS illustre bien cette problématique : une entreprise
pourra importer le personnel jugé nécessaire à
la fourniture d'un service sur le territoire d'un autre pays
membre,important en même temps des conditions salariales
nettement plus basses que celles en vigueur dans ledit pays. Cela
ressemble à
de l'esclavage. On se souvient encore de la brève entrée
en scène de l'AMI (Accord Multilatéral sur
l'Investissement), concocté dans le plus grand secret et mort
d'avoir été dévoilé au grand jour ; eh
bien l'AGCS est son digne héritier. Le moins qu'on puisse en
dire, c'est que les médias ne font pas de zèle pour en
dénoncer les enjeux.
Même les
parlementaires des pays concernés ont toutes les peines du
monde à savoir ce qui se trame : En Suisse, le Secrétariat
d'Etat à l'économie (Seco), qui dirige le dossier, ne
consulte que les milieux économiques intéressés.
Le Conseil Fédéral ne prendra connaissance de la liste
des offres (la
liste des secteurs économiques livrés en pâture
aux multinationales, par opposition à la liste des demandes,
tout aussi secrètes, déposée à l'OMC en
juin dernier) que quelques jours avant que celle ci ne soit remise à
l'OMC. L'Union Européenne fait preuve de plus de transparence
puisque en novembre 2002, elle a soumis aux gouvernements de l'UE et
aux ONG un résumé de 70 pages de sa liste d'offres.
Effort louable, mais c'est dans les détails que ce genre
d'accord prend toute sa substance.
En Belgique, après
un combat acharné, des parlementaires ont réussi à
obtenir un document qui fut distribué dans l'hémicycle
et repris en fin de séance, empêchant toute photocopie!
Pour couronner
le tout, impossible,
après le 31 mars, de faire marche arrière.
Si un gouvernement décide de rétablir des restrictions
à la fourniture des services, il devra en contrepartie ouvrir
un autre secteur à la libéralisation, ou payer des
dédommagements aux fournisseurs étrangers pour
compenser leur manque à gagner. De la science-fiction ? Pas du
tout. Et devinez d'où vient cette merveilleuse arnaque ? Selon
M. Hartidge,
directeur de la division des services à l'OMC
: sans l'énorme pression faite par le secteur américain
des services financiers, l'accord sur les services n'aurait pas vu le
jour.
Pendant que papa Bush et fiston maintiennent notre
attention focalisée sur le spectacle désolant et fort
médiatisé du Pentagone
dans son plus beau rôle, leur valetaille de la World Company
signent en catimini des pactes avec nos gouvernements. L'AGCS est un
des accords cadre que l'OMC (basée à Genève)
veut nous imposer ; accords illimités qui ne seront jamais
véritablement achevés, mais en perpétuelle
négociation. Les autres accords cadres
sont : - l'accord sur les obstacles techniques au commerce, -
l'accord des mesures sanitaires et phytosanitaires, - l'accord sur
les droits de propriété intellectuelle liés au
commerce, - l'accord sur l'agriculture, - l'accord sur les
investissements liés au commerce, - l'accord sur les règles
et procédures régissant l'ORD (l'Organe de Règlement
des Différends, qui est la cour suprême de l'OMC,
cumulant les fonctions de juge, partie et organe de recours).
Merci
de faire suivre ce texte. Attention, "American Express" et
"Citicorp" sont cités comme promoteurs/financiers du
projet AGCS. Fermez vos comptes dans ces banques des nouveaux
"maîtres du monde"! Ci-dessous, article du Canard sur
le même sujet (12/02):