(Ce texte a paru dans le courrier des lecteurs de la Tribune
de Genève en date du 27 janvier 1998, page 33)
La mode de rouler de nuit à vélo
sans éclairage
Etant moi-même cycliste occasionnel (ainsi que motocycliste, automobiliste et piéton), je constate depuis deux ans environ une nouvelle mode -totalement irresponsable- chez la plupart des cyclistes: il est actuellement de bon ton, dans ce milieu, de ne pas avoir d'éclairage (ni souvent de catadioptre) la nuit. Les vélos correctement éclairés (réfléchis) sont l'exception. Certaines bicyclettes ont parfois un lumignon à l'arrière mais il est extrêmement rare de voir un phare allumé à l'avant.
Ce comportement impose aux autres usagers de la voie publique un surcroît d'attention et de tension nerveuse, afin de ne pas shooter ces irresponsables. Ayant conduit de nuit dans certains pays du tiers monde, où pullulent sur les bas-côtés piétons, charrettes à traction animale, vélomoteurs, etc. sans éclairage, je peux affirmer que la situation à Genève impose un effort d'attention qui est presque du même ordre.
Refus de fournir le petit effort supplémentaire pour entraîner
la dynamo, refus d'acheter deux lanternes à pile, défi
lancé aux autres usagers ("vous devez me voir car
j'ai tellement de pêche que je rayonne"), assimilation
aux piétons ("mon vélo n'est qu'un patin à
roulettes amélioré et je vais où je veux,
comme je le veux, le plus discrètement possible")
ou autre motivation éminemment obscure, le mystère
reste opaque à mes yeux. Tout se passe comme si l'éclairage
des deux-roues était (comme les règles élémentaires
de la circulation, cela va de soi) out et ringard.