Lettre de Francisque Gay à Edmond Bloud (son directeur)

à propos de la perquisition de la Gestapo le 23 mars 1944 à la Librairie Bloud & Gay

Paris, le 7 avril 1944

Cher Monsieur,

Plusieurs fois, mais en vain, j'ai essayé de rencontrer quelques-uns de nos chefs de service ou employés principaux. Ils se sont tous refusés énergiquement à se rendre aux rendez-vous que je leur avais demandés. Je crois donc de mon devoir de vous fournir toutes les explications qui pourraient éventuellement vous être utiles.

Comme vous le savez sans doute, je faisais un voyage d'affaires lorsque la police allemande est venue à la Librairie. J'étais parti pour Lyon le mardi matin 21 mars, j'étais le 22 à Marseille où j'ai couché à l'hôtel de Noailles, le 23 à Montpellier où je suis descendu à l'hôtel de France et le 25 à Toulouse au Régina. Toutes indications aisément contrôlables. De son côté, ma femme avait profité de mon absence pour aller dans l'Yonne chercher du ravitaillement. Seules une de mes filles et notre petite bonne se trouvaient donc dans notre appartement.

A la suite de la perquisition, des sévices contre quelques employés, de l'arrestation d'un de mes anciens collaborateurs et de mon gendre, ma fille âgée de 24 ans a pris peur et n'a plus osé coucher rue Garancière avant notre retour. Elle s'est donc réfugiée avec la bonne chez des amis en banlieue. Et quand ma femme est rentrée de son voyage, elle a trouvé ma fille à la gare qui l'a suppliée de ne pas aller rue Garancière.

Dans la journée du samedi, la police allemande ayant trouvé ma fille aînée, Madame Terrenoire, chez une vieille tante l'a interrogée pendant plus de deux heures et demie. Dans son état de santé, aggravé par les émotions de ces journées, l'interrogatoire auquel elle a été soumise constituait une véritable épreuve physique et morale. On voulait d'abord lui faire dire où sa mère se trouvait, ce que, bien entendu, elle ignorait absolument. On lui disait tantôt que le dossier de son mari n'était pas chargé et qu'en donnant l'adresse actuelle de sa mère, elle pourrait alléger encore les charges retenues contre son mari. Tantôt, au contraire, on affirmait qu'une nouvelle perquisition avait eu lieu rue Garancière –ce qui était totalement inexact- et que les recherches avaient fait découvrir des papiers accablants pour son mari qui allait être fusillé, mais qu'elle pourrait encore arranger son cas en donnant son adresse et celle de sa mère. Finalement, on lui intimait l'ordre de ne pas quitter le boulevard Voltaire avant le lundi matin.

A cette date, la police allemande n'était pas retournée boulevard Voltaire et l'état de ma fille ayant empiré, elle a été transportée dans une maison de santé et le docteur qui l'a examinée réclame pour elle les plus grands ménagements pour que, séparée de ses enfants et de son mari, elle puisse dans le calme absolu se remettre de cette terrible épreuve.

Quand je suis rentré, lundi matin, j'ai eu d'abord l'intention de me rendre rue Garancière, ou rue des Saussaies pour fournir à la police allemande toutes les explications qu'elle pouvait désirer. Ma famille, et plus spécialement notre grande malade, m'a adjuré de n'en rien faire. Après avoir longtemps résisté, j'ai finalement cru devoir céder, non seulement à cause de l'affollement (sic) où cela pouvait mettre les miens, mais encore et surtout devant les raisons qu'on invoquait et dont j'appréciais la valeur.

Certes, je gardais, et garde encore, l'absolue certitude que l'enquête la plus minutieuse ne saurait relever contre moi la moindre charge positive, mais je sais que depuis l'armistice Charles Maurras, dans l'Action Française, multiplie contre moi les dénonciations les plus haineuses, les plus perfides et les plus dangereuses.

Je vous ai montré seulement un petit nombre de ces articles que de multiples anonymes me faisaient régulièrement parvenir. Sans cesse, Maurras reprend le même thème. Je serais l'un des principaux responsables de la guerre où 120 000 Français ont été tués. C'est autour de moi que se noueraient tous "les fils de la conspiration gaulliste". Je marcherais "la main dans la main avec les communistes assassins". "Je ne puis prouver", écrivait-il encore, "qu'il y a des dépôts d'armes rue Garancière, mais j'en ai l'absolue certitude". "Les bons Français", ajoutait-il, "ont le devoir de mettre à Gay la main au collet" et de le conduire aux "autorités compétentes", ce qui veut dire en ces matières "aux autorités occupantes".

Le 24 mars dernier, à Toulouse, dans l'Action Française, je trouvais les mêmes accusations; je serais "l'inventeur" de la "dissidence", du "maquis", de "l'alliance communiste". « Nous savons », disait-elle, « où il se cache » (jamais je ne m'étais caché), et "nous irons le fouailler jusque dans les latrines". Le 30 mars, Au Pilori reprend les mêmes accusations.

Vous comprendrez qu'après la perquisition et les arrestations opérées chez nous je devais nécessairement lier les deux choses. Je pouvais légitimement redouter que l'enquête se trouvât f'âcheusement influencée par des attaques de cette gravité et de cette précision. L'affaire risquait fort de prendre un tour plus politique que judiciaire. Dans la conjonction entre la police allemande et la Milice, j'avais moins à craindre la sévérité des occupants que la haine d'adversaires politiques fanatisés. D'autant plus que la police allemande ignorait, à coup sûr, les origines de ces accusations forcenées.

Comment des étrangers pourraient-ils comprendre que cette férocité dans l'acharnement de Maurras ne s'expliquait que par ma participation obstinée à toutes les campagnes qui ont été menées chez nous en faveur du rapprochement franco-allemand. Dès 1920, notre librairie confiait à M. Noblemaire, premier délégué de la France à la Société des Nations, la direction d'un gros ouvrage collectif qui devait s'intituler: "Faisons la paix avec l'Allemagne" et où nous devions faire le procès du traité de Versailles. Malheureusement, le décès de M. Noblemaire devait faire avorter notre projet. Mais je ne cessais de poursuivre la même tâche. Il n'y a pas eu un effort en ce sens, où je ne suis trouvé associé. Je n'ai pas à vous le rappeler. Mais je puis bien évoquer mes voyages en Allemagne et notamment celui de 1932 où je participais activement aux retentissantes conversations avec les personnalités catholiques allemandes et notamment avec Franz von Papen qui voulu bien signer avec moi une motion dont j'étais l'auteur.

C'est parce que j'ai toujours persévéré dans cette même ligne, même après le triomphe du national-socialisme, que j'ai subi les mêmes violentes attaques. Presque seul dans la presse française, j'ai véhémentement préconisé l'acceptation du plan de désarmement présenté par Hitler. Presque seul, j'ai approuvé ce projet d'un pacte à quatre. Presque seul, j'ai défendu le concordat signé par Hitler avec le Vatican. Par ailleurs, seul parmi les démocrates, j'ai dénoncé dans toute une série de conférences, de livres (Dans les flammes et dans le Sang fit quelque bruit), d'articles, les crimes des rouges en Espagne. Au début de la guerre, je m'obstinais. J'ai plus de vingt fois protesté avec véhémence contre la censure qui permettait à M. Maurras de réclamer le retour à la paix de Westphalie et le démembrement de l'Allemagne. Charles Maurras m'intenta alors un procès qui fut remis quinze fois et qui ne fut retiré du rôle qu'en 1943.

C'est parce que ces faits sont totalement inconnus de la police allemande –qui, ignorant le peu de crédit qu'on doit attacher aux effarantes divagations de Charles Maurras, semble s'être mis (sic) en branle sur ces dénonciations –que j'ai estimé ne pas devoir affronter les risques d'une enquête si fâcheusement commencée par l'arrestation, chez nous, d'un de nos anciens collaborateurs, trouvé, paraît-il, porteur de papiers compromettants.

Cependant, tout le personnel pourrait témoigner que je n'avais à peu près aucun contact avec ce garçon qui a été avant-guerre un excellent collaborateur et dont j'appréciais le caractère sérieux et serviable. Je savais de lui surtout qu'il vendait de la bonneterie, et venait obligeamment offrir de la marchandise à notre personnel. Moi-même, je lui ai acheté plusieurs paires de chaussettes. Il me semble qu'il passait dans nos bureaux trois ou quatre fois par mois. Rarement il me demandait. Je ne le voyais qu'occasionnellement, lorsque, par hasard, je le trouvais dans la maison.

Je sais bien qu'on a pu supposer qu'il avait avec nous des rapports plus intimes, puisqu'il habitait au 1, rue Garancière. Mais a-t-on dit aux enquêteurs que c'est en 1935 ou 1936, alors qu'il venait de se marier et qu'il occupait le poste le plus modeste de notre rédaction, que trouvant un logement libre au 1, rue Garancière, il était venu s'y installer. Nos rapports étaient si peu intimes que, pas une seule fois, en ces 8 ou 9 ans, il ne m'a demandé de lui rendre visite chez lui. Pas une seule fois, je n'y suis donc monté.

Quant à mon gendre, j'ai l'intime conviction qu'il ne me cachait aucune de ses activités. Je reste persuadé qu'il n'avait avec Dannemuller qui avait été, jusqu'en 1939 sous ses ordres, que des rapports de bonne camaraderie. Je sais qu'il leur est arrivé de sortir quelquefois ensemble, en famille. Aussi, nous n'avons pas été du tout surpris qu'au début de mars, mon gendre, après une perquisition chez lui, redoutant pour sa femme l'émotion de ces visites, ait décidé d'aller habiter, avec Dannemuller à Orsay, le premier étage inoccuppé (sic) d'un petit pavillon.

En ce qui concerne mes propres activités, je pourrais, s'il était nécessaire, vous donner de plus grandes précisions, avec la même totale sincérité.

Comme 90 % des Français j'ai cru que, contre la coalition des Anglo-Saxons et des Russes, l'Allemagne ne pourrait l'emporter. Cependant j'ai toujours estimé que les Français devaient sagement accepter le fait de l'occupation. Pour mon compte personnel, je n'ai jamais cru à l'utilité et à l'efficacité de la propagande clandestine, pas davantage à la légitimité ni même à l'opportunité des attentats dirigés contre les troupes d'occupation et contre les collaborateurs. Je puis donc vous assurer sur l'honneur que jamais je n'ai rédigé, édité, imprimé ou distribué des tracts ou des périodiques clandestins. Comme tout le monde j'en ai reçu par la poste, quelques-uns que généralement j'ai brûlés. Peut-être ai-je conservé quelques brochures que je me proposais de lire. Une fois, il y a six ou sept mois, on a déposé, anonymement, un paquet de 12 ou 15 petits journaux qu'on me priait de conserver quelques jours. Je n'ai jamais vu celui qui avait déposé le paquet et, quelques jours après, quand j'ai voulu détruire ces journaux que je n'avais même pas lus, après une longue recherche j'ai été incapable de les retrouver. J'ai donc supposé les avoir détruits sans y prendre garde.

J'insiste là-dessus puisque l'on a interrogé expressément ma fille au sujet de Défense de la France. On aurait voulu qu'elle dise où se trouvent les machines qui avaient servi à l'imprimer! Or je ne crois pas avoir jamais eu plus de 2, 3, ou 4 de ces numéros et j'ignore absolument qui publie cette feuille et où elle s'imprime.

Est-il nécessaire de vous dire que je n'ai jamais appartenu à aucun mouvement de résistance et que je n'ai aucun rapport d'aucun genre avec le maquis ou les services d'espionnage, ou les communistes…

Depuis l'armistice, n'ayant plus la charge de la direction d'un journal quotidien et l'activité de notre maison se trouvant sensiblement ralentie, par suite de la disette du papier, je me suis trouvé avec quelques loisirs. Je les ai occupés uniquement à la préparation de l'après-guerre.

D'abord, vous le savez, en dressant le plan de grands ouvrages collectifs, en en répartissant toute la rédaction. Près de dix gros manuels ont été mis en chantier: sur l'art chrétien, l'histoire des religions, la vie des saints, la Mystique, la vie au foyer, la famille, l'éducation des adolescents, la presse, etc.

Ensuite, en étudiant personnellement un certain nombre de grands problèmes sociaux, moraux ou religieux.

En tout premier lieu, je me suis intéressé à la question des rapports franco-allemands dans l'après-guerre. Plus que jamais, je reste convaincu qu'il faudra, de toute urgence et avec un tranquille courage, aborder de front ce problème primordial. On ne ramènera pas la paix en Europe si on n'est pas résolument décidé à renouer au plus tôt avec l'Allemagne, à l'aider à se relever, à se réhabiliter devant le monde, à retrouver la place honorable qui lui revient dans le concert des grandes nations européennes. J'en étais tellement persuadé que, pendant les années 1941, 1942, 1943, je me suis consacré presque exclusivement à réapprendre, dans tous mes instants libres, les premiers éléments de la grammaire allemande et à lire les œuvres principales de ses plus grands écrivains contemporains.

Vers le milieu de 1943, alors que nous étions le plus engagés dans la préparation de nos grands ouvrages collectifs, mes préoccupations se sont portées dans d'autres directions. Mais toujours dans le même esprit, je me suis appliqué à rechercher notamment quelle pourrait être la politique familiale et la politique religieuse –statut de l'Eglise, régime des congrégations, problème de l'école- dans la France au lendemain de sa libération. On aura, sans doute, retrouvé les notes que j'avais rédigées alors, si elles n'ont pas été détruites, mais aucune, j'en suis sûr, ne pouvait avoir le moindre caractère délictueux.

Il en est de même des études plus récentes que j'ai commencées sur la presse vers la mi-décembre 1943. C'est alors que j'ai projeté un grand ouvrage collectif sur la presse française depuis 1871. J'ai constaté que nous n'avions aucun grand livre d'ensemble analogue aux savants volumes allemands, anglais et américains. vous avez constaté qu'à ce travail, où se confondaient mes goûts d'éditeur et de journaliste, j'avais apporté une ferveur particulière. J'ai entrepris une vaste enquête pour dresser un tableau complet de notre presse provinciale, pour étudier les raisons qui ont favorisé le développement de la presse nationale en Angleterre et en France, alors que la presse provinciale fleurissait en Allemagne et en Italie. Parallèlement, j'ai essayé de dresser le plan des réformes que j'avais déjà préconisées dans de multiples articles depuis 1932. Je me suis peu à peu consacré presque exclusivement à l'étude des divers régimes de la presse, et bien souvent je me suis senti incliné à préconiser des mesures adoptées en Angleterre, aux Etats-Unis ou en Allemagne.

Je reste persuadé qu'aucun de ces travaux ne pouvait me mettre sérieusement en contravention avec les règlements des autorités occupantes, ou de l'administration française. Aussi, jusqu'à mon départ pour Lyon le mardi 21 mars, on pouvait me trouver à mon bureau à peu près tous les jours de 8 h ½ du matin jusqu'à 7 heures du soir. Bien que plusieurs de mes amis se soient inquiétés de la fréquence des dénonciations perfides lancées contre moi par Charles Maurras, je n'ai jamais songé à abandonner mon poste tant j'avais –et étais resté- persuadé que rien de ce que je faisais ne pouvait mériter la plus légère sanction tant des autorités occupantes que du gouvernement français.

Avec la plus entière sérénité, j'ai utilisé pour ces divers travaux le concours de M. Garo parce qu'il était bon dactylographe et parce que, par ailleurs, le travail qu'il faisait précédemment, le service des titres et la correspondance avec les actionnaires d'une part et d'autre part la comptabilité du service du ravitaillement du personnel, ne l'occupait plus la journée entière. J'ai été absolument attéré (sic) en pensant que, peut-être, ce travail que je considérais comme essentiellement professionnel, avait pu, en quelque manière, être cause des désagréments qu'il a dû subir. J'en suis d'autant plus navré qu'il était seul soutien d'une malheureuse jeune femme que l'on dispute à la mort depuis près d'un an et qui doit subir, ces jours-ci, le troisième temps de l'opération terrible de la thoracoplastie.

Encore une fois, je ne crois pas que ma lettre vous ait rien appris, pour la raison très simple que je menais toutes mes activités au grand jour. Ancien directeur de journal, comme les dirigeants de toutes les autres professions qui savent dominer leur entreprise, je me suis simplement appliqué à méditer sur les problèmes qu'il faudra poser au lendemain de la guerre, à propos de chaque profession. Je ne vois pas comment on pourrait retenir cela contre moi comme un délit et encore moins comme un crime.

Un dernier mot: ayant appris que le personnel avait été réglé fin mois et me trouvant démuni de tout, avec seulement dans mon portefeuille la petite somme que je n'avais pas dépensé (sic) en voyage, moins de cinq cents francs, j'ai cru pouvoir encaisser en banque une somme légèrement inférieure à ce qui me sera dû après l'Assemblée Générale, c'est-à-dire inférieure au total de mes appointements échus et de mon pourcentage sur les bénéfices de l'exercice 1942.

Mais hier, par hasard, alors que j'étais venu passer la journée à Paris, j'ai rencontré une personne qui, de source indirecte, m'a dit avoir appris qu'au cours de la perquisition, une somme de 700.000 francs ou de 400.000 aurait été saisie, qui devait servir, sans doute, aux règlement de fin de mois. Je n'ai pu avoir aucune confirmation du fait puisque je n'ai pu obtenir aucun rendez-vous d'aucun des employés.

Bien entendu, si cela était confirmé, je m'empresserais de remettre à la disposition de la maison au moins la partie de cette somme qui représente mon pourcentage sur les bénéfices, c'est-à-dire un peu plus de la moitié, presque les 3/5e. Vous n'auriez pas cependant à vous préoccuper de moi. Nous nous sommes organisés pour faire durer nos maigres ressources. J'ai pu réaliser quelques titres que, par chance, ma femme avait dans son sac et nous avons pu trouver un modeste petit appartement meublé de la grande banlieue qui a deux petites pièces et une cuisine. Nous allons vivre pauvrement avec ma femme. J'utiliserai pour ma part ces nouveaux loisirs à reprendre, autant que les nécessités de la vie matérielle vont le permettre, autant qu'il me sera possible, en l'absence de toutes nos notes et de la documentation déjà réunies, mes divers travaux.

J'espère toutefois que, dans un délai proche, les autorités compétentes, ayant achevé leur enquête, reconnaîtront qu'elles ont été trompées par des dénonciations malveillantes et qu'en conséquence elles permettront la réouverture de la maison. Tous les amis que j'ai pu joindre me pressent de demeurer dans ma retraite jusqu'à ce moment. Je m'y résigne bien que j'aie quelque peine à imaginer qu'on puisse prendre au sérieux les dénonciations haineuses d'un Charles Maurras. J'ai par ailleurs l'absolue certitude que vous ferez tout le nécessaire pour sauvegarder ou défendre au mieux les intérêts de notre maison et plus spécialement les intérêts d'un personnel qui nous a été si dévoué et si attaché.

Je vous prie de croire, cher Monsieur, que dans mon épreuve présente je garde confiance dans l'avenir et confiance dans votre amicale obligeance.

F. GAY

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7 avril 1944

Cher Monsieur,

Je n'ai qu'un mot à ajouter à ma longue lettre dont j'ai médité les termes et qui ne dit rien que de rigoureusement exact. Bien entendu, si vous le jugiez utile, vous pourriez la communiquer à qui vous jugerez bon. J'espère que votre santé est remise et que ces événements ne vous auront pas trop fatigué. De toutes façons (sic)  j'ai la ferme conviction que nous n'aurons pas à attendre trop longtemps la fin de cette terrible épreuve.

Votre bien amicalement dévoué.

F. GAY

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