La Biologie de la Séduction

(mise à jour du mardi 28 août 2012)

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(Conférence donnée au CERN le 19 janvier 2005 par M. Claude GUDIN, ingénieur et docteur en biologie végétale)

(Le présent résumé reflète mes notes personnelles et ne préjuge aucune exactitude ou fidélité aux déclarations de M. Gudin)

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Dans la soupe originelle, les molécules du vivant vont se former par attraction-répulsion électromagnétique: la physique est la première science à avoir fait de la séduction! Les premiers animaux ont été les cellules qui ont commencé à se rapprocher d'autres cellules après avoir perdu par accident leur propre chloroplasme. Ce faisant, ces proto-animaux ont absorbé et pris la couleur des organismes ainsi phagocytés: la séduction, cela se mange!

Afin de transformer les photons en énergie chimique et de transporter l'oxygène, qui est toxique, la molécule de chlorophylle a un noyau de magnésium qui la colore en vert. Si on remplace l'atome de magnésium par un atome de fer, on a l'hémoglobine de couleur rouge tandis qu'un atome de cuivre donne aux nobles et aux mollusques du sang bleu.

"Les caroténoïdes sont les lunettes de soleil de la chlorophylle" car ils filtrent les radiations ionisantes qui la détruiraient. Ils sont universels et se retrouvent dans les terpènes et l'isoprène. Au-delà d'un certain nombre d'atomes de carbone, de la matière doit s'échapper sous forme aromatique. Parfum et couleur sont à la base de la séduction car ils correspondent aux polarités électromagnétiques sexuelles et permettent l'attraction des contraires.

L'œil rouge des dinoflagellés, algues microscopiques, est constitué, comme la rétine humaine, d'un caroténoïde qui est la rhodopsine. La séduction, cela se mange, mais chez les mammifères, l'odeur est plus importante que la couleur.

Exemple des orchidées qui imitent les organes sexuels des insectes pollinisateurs. Normalement, c'est le mâle qui porte les couleurs de la séduction, comme le paon. Mais cela se paye par une faiblesse car, par exemple, le paon ou le faisan mâle ne peut pas s'envoler facilement en cas de danger.

Venons-en à l'Homo Sapiens (« et non pas à l'Homo çapionce si la conférence dure trop longtemps »). Dans notre société, les hommes ont porté des couleurs vives jusqu'à la Révolution, puis sont devenus ternes. Dans les régimes socialistes, ce sont les femmes qui portent les couleurs et les parfums de la séduction.

L'homme n'a pas inventé les déviations sexuelles car la nature en donne des exemples incroyables. Par exemple les scolopendres, dont les mâles ont 2 pénis et les femelles 2 vagins et où les mâles se masturbent sur le sol afin de constituer des boulettes de terre et de sperme qu'ils vont ensuite introduire dans les vagins de la femelle. Ou les punaises mâles qui, bien qu'équipées normalement d'un pénis, préfèrent perforer la carapace de la femelle et injecter leurs spermatozoïdes directement dans son sang. Ou les araignées mâles qui, pour ne pas se faire bouffer par la femelle au moment du coït, doivent lui apporter un cadeau sous forme de nourriture. Si le cadeau n'est pas assez consistant et est terminé avant la fin de la chose, la femelle peut commencer à considérer le mâle comme étant la suite du cadeau… Le tout petit mâle d'une espèce a trouvé une solution: il s'introduit discrètement dans le vagin d'une femelle et s'y établit à demeure, fécondant et recevant le sang de l'hôte pour y vivre en symbiose.

Les outils de la séduction sont, surtout chez les mammifères mâles, outre les couleurs et les odeurs (phéromones): les cornes et défenses rassurantes, le chant, la danse nuptiale et la culture. Les chants des oiseaux sont culturels car appris et non transmis génétiquement. L'oiseau-jardinier au rituel complexe en est un exemple étonnant.

"L'homme a créé plus de variétés végétales qu'il n'en a détruites", que cela plaise ou non aux écologistes! Il utilise les fleurs depuis le néolithique et n'arrête pas d'en créer. Il y a ainsi plus de variétés végétales chez le fleuriste que chez l'épicier!

A une question posée par moi sur les phéromones humaines et sur la phényléthylamine (PEA) contenue par exemple dans le cacao, dite "hormone de l'amour", M. Gudin a répondu ceci: "Cela concerne l'amour plus que la séduction". C'est surtout la dopamine qui est importante dans le processus biochimique de l'amour. Quant aux phéromones humaines, elles existent si on ne se douche pas sans arrêt et si on ne les masque pas par des odeurs florales. Aujourd'hui, il faut sentir le muguet pour essayer de séduire, quoique le résultat ne soit peut-être pas aussi garanti que par les phéromones animales

Les plantes se sont développées selon trois voies biochimiques différentes: celle de la chlorophylle puis de l'hémoglobine (voie lévulinique des pyrroles), celle du bois (voie shikimique des flavonoïdes et des lignines) et celle des fleurs ("voie de la séduction" dérivée originellement de l'acide mévalonique transformé en molécules d'isoprène (4 carbones) puis en terpènes aromatiques, chaque terpène étant constitué de deux isoprènes. Le sommet de la voie de la séduction (qui est celle des parfums, des couleurs, des hormones, des phéromones et des caroténoïdes comme la rhodopsine de la rétine ou la vitamine A) est le latex, sève constituée de poly-isoprènes à plus de 100 atomes de carbone, dont les applications sont très nombreuses car "Qui pneu le plus, pneu le moins", comme l'affirme M. Gudin! Celui-ci prépare un livre sur la mort et la vie, intitulé "Eloge de la Crasse" car, à 65 ans, il estime avoir perdu au total 24 tonnes de matière biologique.

(fin du compte rendu de la conférence du 19 janvier 2005 au CERN)

Démonstration praitque de la puissance des phéromones animales dans les phénomènes d’attirance :

Trois Suisses lancent un produit fou sur le marché de l’amour

GENÈVE | Avec la complicité de l’Uni de Lausanne et du Poly de Zurich, une start-up bernoise vendra dès l’an prochain un détecteur d’identité génético-olfactive. Expériences à Genève à l’automne 2008!

PHILIPPE RODRIK | 20.09.2008 | 00:01

«Qui se ressemble s’assemble.» «Les opposés s’attirent.» Des lieux communs coulés dans le bronze, si souvent confirmés et démentis. En fait, un élément prioritaire détermine l’attirance entre les êtres: l’odeur. Du coup, trois entrepreneurs bernois élaborent un produit formidable: un test permettant d’établir l’identité génético-olfactive. Il sera destiné dans un premier temps aux clients d’agences matrimoniales très chic, actives sur le Web (voir ci-dessous). Les ventes commencent dans moins d’un an et une énorme performance commerciale paraît assurée.

Le code fondamental

Plus de la moitié des internautes helvétiques cherchent en effet l’âme sœur ou/et des aventures sur la Toile. Pour se présenter et tenter de séduire, ils peuvent mettre des images à disposition, une liste de hobbies, de projets ou de positions. Dès l’an prochain, ils pourront améliorer leurs chances de succès en se soumettant à un test conçu par la maison Basisnote AG. Ils obtiendront ensuite une série de neuf à douze chiffres, soit la version codée de leur MHC (complexe majeur d’histo­compatibilité, une série de gènes jouant un rôle important dans le système immunitaire).

Cette information sera bien sûr accompagnée d’explications. De façon à comprendre comment ça marche et combien ce test est sérieux. Actuellement, Basisnote préfère ne pas dévoiler ses savants secrets. Il apparaît toutefois que tout est lié à notre patrimoine génétique car celui-ci détermine le bouquet de notre personne. Aucune eau de toilette, pas même une averse de patchouli, ne pourrait le modifier. Ce fabuleux MHC peut être observé dans des échantillons d’urine, de sueur ou de salive. L’impact de nos odeurs sur notre potentiel de séduction a été prouvé scientifiquement. En 1995, le biologiste Claus Wedekind, actuellement professeur à l’Université de Lausanne, a proposé à quarante-neuf femmes de plonger leur nez dans des t-shirts que quarante-quatre hommes avaient porté pendant deux nuits. Toutes les volontaires ont manifesté une attirance accrue pour les exhalaisons d’hommes dotés d’un MHC différent du leur. La recherche a en outre établi qu’un partenaire génétiquement complémentaire favorisait davantage d’orgasmes chez sa compagne et une meilleure fertilité.

Le projet de Basisnote a très vite inspiré une grande confiance. Ses dirigeants, le physicien Manuel Kaegi, le biologiste August Haemmerli et l’économiste Dominic Senn, viennent en effet de bénéficier d’un crédit d’un million de francs. Cette somme provient, entre autres, de la Banque Cantonale de Zurich, de la Fondation biennoise pour l’innovation technologique, de la promotion économique de l’Etat de Berne et d’un service de l’administration fédérale chargé de soutenir les start-up. Cet automne, Basisnote procédera aux premiers essais en dimension réelle, lors de soirées festives. Le premier rendez-vous est fixé le 23 octobre 2008 à Zurich avec une quarantaine de volontaires. Suivront Genève et Lausanne. Lors de ces rencontres, les invités auront l’occasion de savourer les plaisirs renforcés par une compatibilité génético-olfactive maximale. Le suspense reste torride puisque August Haemmerli n’indique pas encore comment les prélèvements seront effectués. Une chose reste néanmoins certaine. «Parmi différents facteurs, l’influence du MHC sur les attirances entre les êtres est confirmée. Si le produit de Basisnote se base sur cette réalité, il devrait s’avérer un auxiliaire intéressant dans la recherche d’un partenaire», assure le professeur Claus Wedekind.

Un seul concurrent sérieux
En lançant l’an prochain un nouveau test livrant à chaque utilisateur son profil génético-olfactif, la toute jeune société bernoise Basisnote ne devrait rencontrer qu’un seul vrai concurrent: l’américain ScientificMatch. Depuis neuf mois, cette entreprise offre un service comparable au projet de Basisnote, se référant comme cette dernière aux recherches du professeur lausannois Claus Wedekind (voir ci-dessus). Il est déjà proposé sur la Toile par diverses agences matrimoniales, comme la française GenePartner.  L’entreprise suisse devrait toutefois proposer un système beaucoup plus simple que son confrère. Selon nos informations, Basisnote compte en effet mettre sur le marché l’an prochain un produit livrant un résultat en quelques minutes, au même titre qu’un test de grossesse.

Pour sa part, ScientificMatch vend un minikit contenant une sorte de petit balai à vous frotter dans le creux de la joue. Ce prélèvement de salive est ensuite envoyé à un des laboratoires accrédités par ses soins. Vous devez ensuite patienter une dizaine de jours pour commencer à utiliser votre identité génético-olfactive dans la recherche du partenaire idoine. August Haemmerli, un des trois associés de Basisnote, refuse encore de donner toute indication sur son futur test et son prix: «Mais nous prévoyons déjà de le mettre à disposition d’agences offrant des services plutôt haut de gamme.» A titre indicatif, ScientificMatch propose un rabais de 50% pour son programme «La science de l’amour».

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