Faites des économies en vous libérant des licences américaines!

(Ce texte a été publié par la Tribune de Genève du 7 avril 2003, page 18)

Petit calcul intéressant: "10 postes de travail informatiques équipés de 10 licences "Microsoft Windows" reviennent à près d'une dizaine de milliers de francs, contre... une centaine de francs pour un équipement Linux" (hebdomadaire "Genève Home Informations" du 13 mars 2003, page 35). Soit une économie de 99 % par ordinateur (990 CHF ou 674 EUR par poste)! Sachant que 90 % des ordinateurs vendus dans le monde sont dépendants de "Windows" et que 15 % du prix de ces ordinateurs est dû aux logiciels Microsoft, on peut imaginer l'énormité de l'économie possible par une autolibération des liens d'assujettissement commercial tissés par les entreprises américaines.

Les logiciels accessibles gratuitement sur la toile mondiale sont comme les médicaments génériques par rapport aux médicaments commerciaux. Public gratuit ou privé payant? Le choix en revient à chaque consommateur: administration publique, organisation internationale, entreprise, particulier. Cette source de logiciels ouverte au public est dénommée "Open Source". Elle est soumise au régime dit "General Public Licence". Sachant qu'une secrétaire n'exploite en moyenne que 10 % des capacités des programmes "Microsoft", le fait que les logiciels génériques soient parfois un peu moins complets que les logiciels commerciaux américains n'a plus beaucoup d'importance.

C'est aux responsables des administrations, des organisations internationales et des entreprises d'amorcer le mouvement de libération en basculant sur les logiciels libres de la communauté internationale. Les particuliers (employés de ces responsables) suivront automatiquement ensuite. Le monde sera alors un peu plus libre et plus juste que maintenant...

Denis Bloud

Contact à Genève pour le basculement sur Linux: "LynuxTraining - 004122 348 18 29 de ma part). J'avais déjà abordé le même sujet dans le Bulletin du Syndicat/Conseil du Personnel de l'Union internationale des télécommunications (UIT), dont je suis retraité depuis le 31 août 2003. Je crois donc utile de reproduire ici ce texte:

N°24 - 5 juin 2000

Côté informatique

L’UIT est- elle neutre et crédible ?

La revue « Nouvelles de l’UIT » (10/99, page 25), indique que l’UIT est « une instance mondiale, neutre et  crédible, chargée de mettre de l’ordre dans le domaine des télécommunications ». Mais ses options sont-elles vraiment pertinentes ?

Un exemple concret de partialité ou non-neutralité me paraît (ainsi qu’à d’autres collègues) être l'option « tout-Microsoft" prise depuis des années par les services informatiques de l’UIT, qui isole peu à peu celle-ci du monde réel: certaines pages du Web interne UIT s'affichent bien sur Microsoft-Explorer mais pas sur Netscape 4.7. Par ailleurs, des pages Web construites avec Office 2000 doublent de volume (code Microsoft ajouté) et ne sont plus affichables correctement sur des navigateurs non Microsoft. Personnellement, je n’utilise plus que Word-97 (Word-8) pour créer des pages en langage HTML. Par ailleurs, de nombreux utilisatrices et utilisateurs de Word-2000 à l’UIT ont rencontré de très nombreuses difficultés pratiques dans leur travail quotidien avec ce logiciel fermé. A la suite du procès Microsoft, il est question que Bill Gates ouvre tous ses codes sources, mais ce n’est qu’une hypothèse. La revue « Nouvelles » de l’UIT a donné récemment la parole à Bill Gates, qui a été condamné par une cour de justice américaine pour abus de position dominante. Les systèmes fermés de Microsoft sont de plus en plus contestés dans le monde informatique actuel et une réflexion sur la pertinence des options de l'UIT en faveur de cette entreprise privée mériterait à mon avis d'être engagée. D'après les déclarations de Bill Gates, "nous voulons maintenant libérer l'individu dans un sens encore plus large en lui donnant le libre choix du moment, du lieu, du moyen enfin" (Nouvelles, p. 3). Ce qui me paraît très important dans cette promesse, c'est le libre choix du moyen: à mon avis, cela implique que l'on ait le droit de choisir un système ouvert (à code source permettant à tout un chacun de construire ses propres applications) comme le système Linux (qui est gratuit et se développe très rapidement). Or, actuellement, Microsoft n'offre pas le choix du moyen. Il s'agit donc, à mon avis, d'une déclaration d'intention formulée sous la pression du procès actuel mais ne correspondant à aucune réalité technique.

Dans le monde réel des systèmes ouverts, la compagnie Intel vient de choisir un code ouvert, LINUX, pour ses futurs produits informatiques, jugeant que Windows n'était pas assez flexible et ne permettait pas d'avoir accès au code source (référence : « Science et Vie Micro » de février 2000, page 51). En page 15 de ce même SVM, l'on annonce qu'une proposition de loi française vise à imposer aux administrations l'utilisation de logiciels libres d'ici à 2002. D'après trois sénateurs, "l'administration doit utiliser des outils dont elle maîtrise tous les codes sources".l’Académie de Grenoble va équiper tous ses établissements en système d’exploitation ouvert (Linux) ; le Ministère de la Culture français va équiper en Linux les 5 500 postes de son intranet ; la ville de Saint-Dié teste LinusBox ; Corel annonce l’adaptation de toutes ses applications (Corel Draw, WordPerfect Office 8 (gratuit), etc.) sous Linux (voir le site http://linux.corel.com). Le système d’exploitation Corel Linux est gratuit. La suite bureautique complète StarOffice de Sun (aussi élaborée que MSOffice 2000) est offerte gratuitement. L’Association francophone des utilisateurs de Linux (AFUL) compte 200 000 membres (http://www.aful.org); last but not least, la Commission d'études 7 de l'UIT travaille, en collaboration avec l'ISO/CEI, à la mise au point de normes applicables aux systèmes ouverts (par opposition aux systèmes déposés ou « propriétaires » comme ceux de Microsoft)(réf. SVM 2/00). Personnellement, je pense qu’une réflexion de fond s’impose sur la pertinence du « tout-Microsoft » à l’UIT.

Denis Bloud