Solutions proposées afin de résoudre les catastrophes par marées noires

(ce  texte a été publié par la Tribune de Genève du 4 décembre 2002, p. 22)

 

« Tout dépend de l’état des cuves du bateau » a indiqué le directeur du CEDRE (TG du 20 novembre, p. 5) : même après avoir été solidifié par la pression et les basses températures à –3500 m, le fioul finira par remonter à la surface, comme c’est le cas avec l’épave du Jacob Luckenbach coulée en 1953 et comme le prouvent les résurgences naturelles de pétrole sous-marin qui représentent 7 % du total des rejets de pétrole en mer. Afin d’éviter cette remontée naturelle, une solution d’urgence pourrait consister à recouvrir toute l’épave du Prestige (contenant encore 67 000 tonnes de fioul) d’une grande bâche lestée. Dans un deuxième temps, l’ensemble pourrait être recouvert d’autres matériaux (comme des pierres) afin de l’enterrer définitivement. Même à une profondeur de 3,5 km, cette opération me paraît techniquement possible. Elle pourrait être appliquée à toutes les autres épaves de ce type.

 

Pour le nettoyage des nappes et des plages, il faudrait à mon avis se tourner en priorité vers la solution biologique des bactéries consommatrices d’hydrocarbures en contact avec l’air, qui existe déjà mais dont l’efficacité pourrait certainement être améliorée. Il ne faut pas perdre de vue que fioul brut est un produit carboné naturel, issu de la décomposition d’anciennes forêts.

 

Au titre de la prévention de telles catastrophes écologiques, une mesure évidente consisterait à interdire immédiatement le transport en vrac des hydrocarbures liquides ou visqueux et à imposer leur mise en barils étanches et normalisés, éventuellement munis chacun d’un système de bouée permettant la flottaison de ces barils en cas d’avarie. Cela coûterait cher, c’est certain. Mais ce coût serait à comparer à celui des catastrophes, dont la composante humaine et écologique est difficilement évaluable. L’acheminement du pétrole est à classer dans la catégorie des transports dangereux, à soumettre à des normes draconiennes, même si nous devrons, pour cela, payer un peu plus cher notre carburant à la pompe.

 

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