Les Dangers des Fritures : Glycosylates et Acrylamides
(mise à jour du lundi 4 février 2013)
I – Les produits terminaux de glycosylation non enzymatique (AGE)
Les méfaits des glycosylates (advanced glycosylation end products, AGE) :
Comment se forment les glycosylates (AGE) ?
Que sont les AGE exactement ? Des produits chimiques qui résultent d’une réaction entre un sucre et un acide aminé. Cette réaction chimique s’appelle « réaction de Maillard », du nom du chimiste français qui l’a découverte en 1912. Cette transformation ne fait pas intervenir d’enzyme, elle a lieu spontanément : dans un premier temps, le groupement carbonyle du sucre réagit avec une fonction amine et donne ce que l’on appelle une imine ou base de Schiff. Ensuite cette base de Schiff va elle-même subir un réarrangement moléculaire pour donner ce qu’on appelle un produit d’Amadori. Ce dernier entre dans la phase terminale de la réaction de Maillard et aboutit à la formation des AGE, parfois appelés produits de la réaction de Maillard ou produits terminaux de la glycation. Les premières étapes de la réaction sont réversibles : on pourrait revenir en arrière et retrouver nos inoffensifs sucres et acides aminés. Malheureusement les étapes finales sont irréversibles : quand un AGE est là, il y reste ! Et à moins d’être éliminés grâce à nos reins dans les urines, les AGE s’accumulent dans notre organisme avec des conséquences majeures. Afin de faciliter leur élimination rénale, certaines molécules peuvent inactiver les glycosylates, comme la thiamine (vitamine B1), la pyridoxamine (vitamine B6), la pimagedine (ou aminoguanidine, qui traite également les néphropathies diabétiques), la taurine, l’acide alpha-lipoïque, la carnitine et la carnosine.
10 fois moins d’AGE dans la journée ? C’est possible !
Du petit-déjeuner au dîner en passant par le petit en-cas de quatre heure, il est toujours possible de composer son menu pour garantir un minimum d’AGE dans l’assiette. Ne pas oublier le maître mot : fuir le frit !
La piste des AGE permettra-t-elle un jour de lutter contre les fléaux de santé publique que sont le diabète ou l’obésité ? En exclusivité pour ConsoSanté, la pionnière de la recherche sur les AGE alimentaires vous répond.
ConsoSanté : Qu’est ce qui vous a amenée à vous intéresser à cet aspect de l’alimentation ?
Helen Vlassara : Le hasard. Je participais à un congrès sur le diabète au Japon il y a 10 ans. Après avoir fait une conférence sur les AGE et le diabète je contemplais une grosse part de gâteau offerte à la réception avec mon collègue et ami, le Dr Theodore Koschinsky et nous nous sommes demandé si les AGE dans les aliments étaient réellement absorbés ou non. Nous avons décidé de faire une expérience pour en avoir le cœur net. Après tout nous venions de développer un test immunologique (test ELISA) pour détecter les AGE. Tout ce que nous savions sur le sujet à l’époque était issu de la chimie alimentaire des années 70 et avant. On y apprenait qu’il y avait des AGE dans la nourriture mais qu’on n’en absorbait que très peu et que de toute façon, ça n’était pas un problème. De retour à la maison, le Dr Koschinsky a avalé un repas riche en AGE (des protéines d’œufs cuisinées avec du sucre, comme une meringue) et j’ai ensuite mesuré la quantité d’AGE dans son sang. (1) Résultat : son repas a fait augmenter le taux sanguin d’AGE. Cela nous a plutôt surpris, surtout que rien dans la littérature scientifique ne laissait penser que les AGE soient absorbés de manière significative. Aucune relation n’avait été établie entre la toxicité des AGE alimentaires et la santé ou les maladies comme le diabète et le vieillissement, tout deux pourtant intimement liés aux AGE. D’un autre côté, comme mon équipe avait identifié le lien entre AGE et fumée de cigarette quelques années plus tôt, ces nouvelles relations avec la santé et les maladies nous ont vite paru évidentes.
Pensez-vous que les AGE peuvent nous aider à mieux comprendre le lien entre l’alimentation et la santé ?
Depuis plus de 25 ans, l’étude des AGE ou de la glycation non enzymatique nous permet de mieux comprendre l’origine de maladies comme le diabète, le vieillissement et leurs complications. En ce qui concerne les AGE apportés par l’alimentation, nos nombreuses études ont montré et confirmé que l’alimentation moderne contient des oxydants, dont les AGE. Cette découverte renforce encore le lien étroit entre alimentation et santé : ce que nous mangeons est d’une importance capitale pour notre santé - et, malheureusement, nous fait souvent du tort. Maintenant que l’on sait qu’il y a des AGE dans l’alimentation, on comprend mieux cette relation alimentation-santé. On peut désormais se pencher sur cette nouvelle source alimentaire de toxines dont la consommation a considérablement augmenté car ils donnent un goût agréable aux aliments. Ces composés font des dégâts, qui s’ajoutent aux méfaits déjà connus d’un excès de calories. C’est un vrai changement de paradigme et il faudra du temps pour que cette idée soit acceptée par tout le monde.
Quelles sont les conséquences sur la santé d’un régime riche en AGE ?
Les gros mangeurs ont des taux sanguins d’AGE beaucoup plus élevés, un poids plus important, un taux plus élevé de lipides circulants, des troubles de la glycémie, voire une résistance à l’insuline, ainsi que plus de risques d’inflammation. Tout cela se traduit par plus de risque de diabète, d’obésité, de maladies inflammatoires, cardiovasculaires ou rénales. Une étude très récente sur la santé des personnes âgées montre qu’il y aurait même une relation entre la consommation d’AGE et la maladie d’Alzheimer.
Y’a-t-il un niveau d’AGE alimentaires à ne pas dépasser pour être en bonne santé ?
Cela va vite car la nourriture que nous consommons habituellement est riche en AGE. Par exemple nous mangeons beaucoup d’aliments rôtis, grillés ou frits. Les études chez l’homme sont encore à leurs balbutiements mais d’après une enquête sur plus de 600 personnes en bonne santé l’apport quotidien moyen en AGE a été évalué a 15-17 équivalents-AGE par jour. Nous pensons qu’il ne faudrait pas dépasser 10 à 12 équivalents-AGE par jour. Attention, ce chiffre ne correspond pas à une alimentation exclusivement crue. Il est tout à fait possible de préparer des repas normaux et savoureux en faisant appel à une cuisson douce et brève, le tout sans dépasser les 10-12 Eq/j. C’est d’autant plus important que l’alimentation est une source majeure d’AGE : la part de ces composés dit « exogènes » est 5 à 10 fois supérieure à celle des AGE « endogènes », ceux qui sont fabriqués par l’organisme. Donc en diminuant les AGE alimentaires, on prévient de nombreuses maladies et l’espérance de vie est significativement augmentée. Nous avons montré qu’une réduction de moitié des AGE alimentaires chez la souris permet de prévenir l’obésité et le diabète de type 2 et augmente l’espérance de vie.
Est-ce qu’en limitant nos apports alimentaires en AGE on peut prévenir le surpoids et l’obésité ?
C’est un peu prématuré de l’affirmer. Une réduction d’AGE réduit la prise de poids qui survient généralement avec l’âge chez la souris. Mais il n’y a pas de preuves pour ce qui est de traiter l’obésité elle-même. Cependant, des études chez l’animal montrent qu’un régime riche en graisses mais pauvre en AGE, même s’il ne prévient pas la prise de poids, peut prévenir la résistance à l’insuline et le diabète de type 2 qui sont souvent la conséquence d’une alimentation très grasse. Cet effet est indépendant de l’hérédité ou de la quantité de graisses consommée et il nous conduit à nous intéresser à la manière dont les graisses sont modifiées par les AGE. Nous avons aussi des études chez l’homme qui montrent que lorsqu’on consomme de grandes quantités d’AGE, comme c’est le cas dans l’alimentation moderne, le risque de complications liées à l’obésité s’élève.
Est-ce que vous menez des études chez l’homme ?
Oui, plusieurs. Après de nombreuses années passées à établir le fameux « changement de paradigme » sur des modèles animaux, l’Institut national du vieillissement m’a décerné un prix (MERIT Award) qui ouvre droit à un financement. Cela va me permettre d'évaluer l’impact des AGE oxydants apportés par l’alimentation chez l’homme en bonne santé et les personnes âgées en particulier. De plus, je conduis plusieurs autres essais (en collaboration) à propos du rôle des AGE exogènes sur le diabète et l’exercice, l’insuffisance rénale, les traumatismes aigus et la maladie d’Alzheimer.
(1) Ces premiers résultats et d’autres encore ont été publiés dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences en 1997. Orally absorbed reactive glycation products (glycotoxins): an environmental risk factor in diabetic nephropathy. Koschinsky T, He CJ, Mitsuhashi T, Bucala R, Liu C, Buenting C, Heitmann K, Vlassara H. Proc Natl Acad Sci U S A. 1997 Jun 10;94(12):6474-9. |
http://www.lanutrition.fr/Comment-les-fritures-vous-font-vieillir-a-2836.html
http://www.lanutrition.fr/imprim_article.php?article=2836&dossier=1
II - L'acrylamide dans l'alimentation, un problème de santé publique
Cuisson de pommes de terre et de céréales + fritures à 180 °C : attention à l'acrylamide cancérigène dès 120°C !
Le
résumé du rapport conjoint qui a été présenté le 4 mars 2005 par le Groupe
d'experts de la FAO et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) met en
garde sur la présence non intentionnelle dans certains aliments d'un
contaminant, l'acrylamide,
qui peut devenir un problème de santé publique. Il a été démontré que ce
contaminant causait des cancers chez les animaux. Le rapport*, réalisé par
un comité de 35 experts venus de 15 pays, préconise des efforts prolongés pour
réduire l'acrylamide dans l'alimentation. Le caractère neurotoxique de
l'acrylamide pour l'être humain est connu par exemple dans les cas de forte
exposition accidentelle ou professionnelle lorsque l'acrylamide est utilisée
dans les processus industriels de production de plastique et de matériaux. Des
études sur les animaux ont montré que l'acrylamide cause aussi des problèmes de reproduction et des
cancers. L'acrylamide se forme dans certains aliments cuisinés à haute
température. En 2002, des études suédoises ont montré pour la première fois
la formation non intentionnelle mais à des niveaux relativement élevés
d'acrylamide pendant la cuisson des pommes de terre et des céréales à des
températures supérieures à 120 °C. Cela soulève un problème de santé, bien
que l'impact sur la santé selon les niveaux d'acrylamide dans les aliments soit
incertain. Dans la foulée de l'étude suédoise, une consultation spéciale
d'experts a été mise sur pied par la FAO et l'OMS en 2002 pour examiner les
données disponibles. Les experts ont conclu que des études supplémentaires
étaient nécessaires afin d'évaluer précisément la toxicité et l'impact sur la
santé de l'exposition à l'acrylamide à travers les aliments. L'acrylamide se forme lorsque certains aliments, particulièrement
ceux issus des plantes qui sont riches en hydrates de carbone et faibles en
protéines, cuisinés à hautes températures en friture, au four ou rôtis,
généralement à des températures supérieures à 120 °C. Les principaux
aliments qui peuvent entraîner une exposition à l'acrylamide, dans les pays où
les données sont disponibles, sont les frites, les chips, le café et les
produits à base de céréales (pâtisserie, biscuits, pain, crackers,
toasts). En outre, les dernières informations disponibles sur l'acrylamide
renforcent les conseils généraux sur une alimentation saine. Les consommateurs
devraient continuer à manger de manière équilibrée et choisir une alimentation
variée, qui inclut fruits et légumes en grande quantité, tout en modérant leur
consommation de produits frits et gras.
* Voir le Rapport (en anglais seulement): http://www.who.int/ipcs/food/jecfa/summaries/en/
Contacts:
John Riddle
Relations médias, FAO
john.riddle@fao.org
(39) 06 570 53625
Christine McNab
Chargée de Communication, OMS
mcnab@who.int
(+41) 22 791 46 88
(+41) 79 2546815 (portable)
Fritures à l'huile
Quel est le point de fumée des différentes huiles ? Le point de fumée est la température à laquelle de la fumée est détectée en laboratoire. Le degré d’insaturation d’une huile n’a pas grand-chose à voir avec son point de fumée. Les huiles qui contiennent des acides gras de poids moléculaire faible comme l’huile de noix de coco ont un point de fumée plus bas. Étant donné sa forte teneur en acides gras monoinsaturés, l’huile d’olive résiste bien à la chaleur. Elle est excellente pour la cuisson au four et pour la cuisson légère à la poêle. L’important est de ne pas la chauffer au-delà de son point de fumée (210 °C). Lorsque l’huile commence à dégager de la fumée, certains de ses composants se dégradent et forment des composés toxiques, voire cancérigènes.
Colza vierge |
107 °C |
Lin vierge |
107 °C |
Carthame vierge |
107 °C |
Tournesol vierge |
107 °C |
Attention, dès 120 °C, formation d'acrylamide cancérigène !
Maïs vierge |
160 °C |
Tournesol oléique vierge |
160 °C |
Olive extra vierge |
160 °C |
Arachide vierge |
160 °C |
Carthame semi-raffinée |
160 °C |
Soja vierge |
160 °C |
Noix vierge |
160 °C |
Beurre |
177 °C |
Colza semi-raffinée |
177 °C |
Noix de coco |
177 °C |
Sésame vierge |
177 °C |
Soja semi-raffinée |
177 °C |
Température moyenne des fritures : 180 °C
Lard |
182 °C |
Macadamia |
199 °C |
Colza raffinée |
204 °C |
Noix semi-raffinée |
204 °C |
Olive extra vierge haute qualité |
207 °C |
Sésame |
210 °C |
Coton |
216 °C |
Pépins de raisin |
216 °C |
Olive vierge |
216 °C |
Amande |
216 °C |
Noisette |
221 °C |
Arachide |
227 °C |
Tournesol |
227 °C |
Maïs |
232 °C |
Tournesol oléique |
232 °C |
Carthame |
232 °C |
Soja |
232 °C |
Palme (concrète à température ambiante) |
240°C |
Olive extra légère |
242 °C |
Avocat |
271 °C |
Utiliser un thermomètre de cuisson !
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